CULTURE LITTERATURE

Littérature : La lettre de Maxana à la jeunesse congolaise, c'est toujours le Congo qui gagne !

Muda Maxana, Jeune slameur congolais, comémoration martyrs, lettre à la jeunesse Photo Muda Maxana @Source Inconnue, Kinshasa 2018

Quelle leçon retenir des dates du 16 et 17 janvier en RD Congo, dates prévues pour commémorer la mort des héros nationaux ? www.243Stars.com a sélectionné plusieurs réflexions et vous présente la lettre de Maxana.

Salut cher tous,

Ce message est un cri d'alarme, une complainte, un appel au secours et un espoir en votre bonne foi.

Je ne le fais pas que pour moi, mais c'est au nom de plusieurs jeunes qui cherchent à se tailler leur chemin dans la vie, à devenir des hommes-force et aussi à vivre au dépend de leur compétences et potentialités ; loin de toute exclusion, égoïsme, tribalisme ou bien même élitisme, favoritisme, mais aussi loin du cordon ombilical.

Nous sommes nombreux, nous qui voudrions nous exprimer ; démontrer nos capacités, impacter les plus jeunes, devenir des sujets de fierté dans nos communautés et aussi des points de référence et des piliers au dedans de notre génération.

Oui, par le biais de l'art nous voudrions nous exprimer d'avantage et cela sans beaucoup de difficultés, tares ou inquiétudes. Non seulement que les nouvelles technologies de communication et de l'information nous l'ont permis, mais aussi votre douce bienveillance et votre chaleureuse attention nous ont très permis de nous hisser un peu plus haut, de nous améliorer (à notre manière), de croire en ce que nous faisons ; mais aussi de toujours faire en sorte que la limite soit la réussite.

Cela n'a pas été facile de nous investir corps et âme, temps et esprit mais aussi et surtout nos chiches moyens financiers (Bon nombre est étudiant à l'Université). 

" Ce qu'on a jamais eu ne peut pas nous manquer "

Personnellement, depuis que j'ai l'âge de 12 ans : j'écris. Personne ne le savait, mis à part quelques amis du lycée quelques bancs de mes classes et aussi un professeur du cours de Français.

J'ai fait mes premières lignes en 2e année secondaire et aujourd'hui je suis fier de posséder toute une bonne pile des textes ; pas trop spéciaux, mais ce sont quand même ceux dont les gens savent aimer, apprécier et estimer.

Mes pérégrinations dans la vie m'ont placé sur la route des autres jeunes de mon âge, petits ou grands ; mais qui ont le même état d'esprit que moi : trop de lecture, beaucoup d'écriture, ainsi que cette envie de se dévoiler, d'avancer sans peines ni inquiétudes aux yeux du monde. Je sais, personne ne nous empêchent de devenir ces grands que nous voulons devenir, car " Nul ne peut faire de toi celui que tu veux être " ; mais : NOUS SOMMES LIMITÉS !

Oui, certains d'entre nous sont : des poètes, des romanciers, des peintres, des slameurs, des chanteurs, des danseurs, des designers, etc. Nous sommes tous jeunes, et c'est notre avantage ; en même temps notre inconvénient : le flair de l'âge, la vigueur, le sang chaud et aussi la dèche, le chômage et la disette.

Chez nous en Afrique, surtout au Congo démocratique ; un artiste est parfois mal-aimé, c'est un voyou qui ne veut que faire couler sa vie, un petit chômeur qui cherche à rouler les autres pour vivre à leur dépens, un pauv'type qui se fait enculer par des blancs, un jeune dévoyé qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez, etc.

Que des choses ont dit sur nous ?

Ces mêmes personnes, sont les premières à négliger ce que nous faisons, à zapper nos produits et aussi à passer toute une journée à nous déranger avec des produits qui ne sont pas de chez nous, de notre culture, mais aussi de notre milieu de vie.

Nous tuons notre art, et nos artistes ! Quel sort voulez-vous réservez à vos propres enfants, fils et petits frères ?

Sachons consommer ce que nous produisons, soutenons-nous mutuellement et aussi offrons aux autres l'opportunité de devenir grands et influents.

Je reconnais avoir reçu des soutiens des personnes dont je ne croyais même pas, qui ne sont même pas de mon village, mon quartier, ma ville et à fortiori mon pays !

Des gens qui m'aiment, que j'aime et pour qui ; je serai même prêt à tout faire dans le domaine de l'art, pour que le lien qui nous unit ne puisse jamais se rompre.

Alors, à quoi me sert un frère qui me voit même chaque jour en cours de route ? Moi, je les salue !

Tous ceux que je croise en réalité (loin de la toile), je leur glisse un : "Bonjour" dans les oreilles. Comme pour dire : je suis ton frère, ne me suis pas ; un salut, ça ne se paye pas !

Chers frères, nous devons nous accepter mutuellement ; les "Stars" n'existent que dans le Showbizz !

Et je ne connais aucun jeune qui ne veut pas se sentir important.

Tout cela est bien, mais sachons d'abord nous entraider...

Tu me parleras de la qualité, mais sache qu'elle n'interviendra qu'en dernier lieu, si cette volonté de poser l'acte, existe.

C’est toujours l'Afrique qui gagnera

c'est toujours le Congo qui triomphera

et c'est toujours nos gouvernements que l'on verra.

Ne construisons pas dans la médiocrité !

En vérité, en vérité je suis fatigué de dépenser chaque jour !

Mon compte bancaire ne cesse d'être saigné à blanc, On devrait le faire ensemble car je n'ai pas de boulot moi, mes parents ne sont pas des dilapideurs des fonds publics ; je ne suis qu'un jeune comme toi. Qui veut réussir avec et grâce à toi

Sache aussi que je ne suis pas le seul,

Et nous ne sommes pas seulement en RDC !

©Muda Maxana, l'écrivain Baroque.

Kinshasa 2018

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